Maroc :le roi qui ne voulait plus être roi (Episode VIII)
22112008
Cette semaine, suite des aventures de Mohammed VI en BD. Le roi est en colère parce que l’Union européenne impose son programme de vol au Maroc
« Y a-t-il un pilote dans l’avion ? » se demandent parfois des mauvaises langues à propos du Maroc de Mohammed VI. En tout cas, l’Union européenne a pris place dans le siège de co-pilote.
Le roi Hassan II en rêvait, son fils Mohammed VI l’a fait. Le 13 octobre dernier, l’Union européenne (UE) a décerné un « statut avancé » au Maroc. Approfondissant le partenariat stratégique entre le royaume et l’Europe, ce statut se situe à mi-chemin entre la simple relation de voisinage et l’adhésion à l’UE. Outre faire la nique à ses voisins qui ne cherchent pas à s’arrimer à l’Europe, il permet au Maroc de bénéficier de nouvelles subsides et investissements venus de l’autre rive de la Méditerranée.
Le gouvernement et la presse aux ordres marocaine en ont bien sûr profité pour chanter les louanges de Mohammed VI, parlant de « consécration de la confiance placée par l’Union Européenne dans les chantiers initiés par SM le Roi » ou encore de « la marque de considération de la vision éclairée de SM Mohammed VI ». Voilà pour la carotte…
Mais personne, à Rabat, n’a jugé utile de s’étendre sur le bâton qui allait avec. Parler de mise sous tutelle est bien sûr excessif mais l’Europe a assorti ses promesses de partenariat privilégié d’une feuille de route longue comme un jour sans pain.
Ce document (une trentaine de pages bien tassées) que le régime de M6 a paraphé liste tout ce que le Maroc promet d’améliorer. Un vrai programme de gouvernement ! Ca tombe bien, Mohammed VI ne réunit le sien que quand cela lui chante.
Cruel, ce « plan d’action UE/Maroc » aborde dès la troisième page la question des « droits de l’homme » que le régime s’engage à propager, tout comme il promet d’améliorer le fonctionnement de la justice. Dans la même veine, il promet de réduire la pauvreté. Vaste programme… La coopération dans la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue constitue un autre point important. Le tout agrémenté d’engagements à réformer les secteurs non marchands (santé, éducation, etc.) et marchands dont l’Europe demande la libéralisation.
En bref, seul un point n’a pas été intégré à cette feuille de route : la résolution du conflit du Sahara occidental entre le Maroc et le Front Polisario, un mouvement indépendantiste sponsorisé par l’Algérie. Ce sujet beaucoup trop explosif, le Conseil européen l’a gardé pour la déclaration unilatérale qu’il a publiée lors de la signature de l’accord mi-octobre et où il reprend le blabla de l’ONU, appelant à une solution « politique juste, durable, mutuellement acceptable qui permettra l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ».
Pour le reste, si Mohammed VI veut son TGV et son tunnel sous Gibraltar évoqué dans le Plan d’action européen, il sait ce qu’il lui reste à faire…
Catégories : La face cachée
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