Maroc:Soutien à Mohamed Erraji
15092008
Voici donc où nous en sommes. Choqués et révoltés après l’interpellation et la condamnation du bloggeur Mohamed Erraji après une mascarade judiciaire qui n’est que la plus récente d’une longue série. Des condamnations qui sont rendues au nom du roi au motif d’atteinte au respect dû au roi. Toutes au terme de procès où les droits de défense sont gravement violés et où les meilleurs pénalistes du monde ne pourraient rien faire devant des magistrats qui jugent, non pas en fonction des textes de loi, mais en fonction des usages et de l’excès de zèle qui entourent les affaires concernant le roi. Cette justice, cruelle folle et acharnée, a atteint son paroxysme lorsqu’elle a nié à Mohamed Erraji le droit le plus élémentaire celui d’être entendu et celui d’être défendu par un avocat lorsque l’on est accusé.
Cette affaire est révélatrice des contradictions d’un pouvoir qui se veut moderne et progressiste dans un beau discours drapé de concepts démocratiques. Un pouvoir où il est de bon ton de dénoncer l’intégrisme religieux qui voit en tout propos un blasphème portant atteinte à Dieu et à la religion mais qui n’hésites pas un instant à se parer de ses habits les plus rétrogrades en considérant tout propos critique comme lèse-majesté portant atteinte au Roi et à la monarchie ! Et de ce fait il perpétue un intégrisme institutionnel qui donne des frissons en étouffant la libre pensée en bafouant les droits de l’homme et en créant des drames humains inimaginables.
Quel est ce drôle de pays de 30 millions d’habitants dont le roi est chef d’Etat et chef d’exécutif, règne et gouverne le pays, concentre l’essentiel du pouvoir politique et où le droit de la critique est assimilé à la haute trahison, où la moindre phrase évoquant le roi et la monarchie peut mener à la prison ? Quelle est cette folle et aveugle justice qui est rendue dans ses tribunaux, et qui jette en prison des citoyens pour le seul crime d’avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression, à la manifestation et à la protestation ? Quel est enfin ce drôle de pays qui, aussitôt la page des années de plomb tournée, en a ouvert une autre avec son lot d’exactions, de condamnations arbitraires, de violences policières et d’atteinte aux droits humains?
C’est ce Maroc-là que l’on veut interroger ici et maintenant, à l’occasion de cette nouvelle tragédie judiciaire. Et si le message subliminal qui se cache derrière est d’instaurer un climat de peur, nous ne serons pas de ceux qui cèdent à la peur et abandonnent en chemin. Il ne faudra pas céder et faire l’impasse, par peur, sur les sujets qui fâchent. Il faudra pourtant continuer à ne pas tolérer les atrocités d’un pouvoir capable du pire comme la mort de Ahmed Nasser, un vieillard handicapé de 95 ans, décédé au début de l’année dans une prison où il purgeait une peine ferme pour atteinte à la sacralité ! Il faudra pourtant continuer à défendre la démocratie, la liberté d’expression, la liberté syndicale et, pourquoi ne pas le dire, les libertés individuelles dans un pays qui souffle le chaud et le froid, qui manie tantôt le bâton et tantôt la carotte et qui se comporte parfois comme l’un des régimes les plus totalitaires de la planète. « Si nous nous taisons, d’autres parleront. Si nous mourons, d’autres naîtront » a dit un jour Aboubakr Jamaï.
Quand la Cour d’appel prononcera sa décision, elle le fera certes au sein d’une salle d’un tribunal au sud du Maroc, mais sa décision fera le tour du monde et sera attendue par l’opinion marocaine comme mondiale. Que les juges prennent leurs responsabilités et mettent fin à ce mauvais film dont personne ne s’en sort grandit !
Restons mobilisés car Mohamed Erraji n’est pas encore acquitté.
Signer la pétition : http://helperraji.com/
Catégories : La face cachée
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