Maroc:le roi appelé à donner « un signal fort » pour réactiver les réformes
28 06 2008La présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), la Tunisienne Souheir Belhassen, a appelé vendredi le roi Mohammed VI du Maroc à relancer le mouvement de réformes qui est actuellement « bloqué ».
« Sur les réformes de fond, le débat n’est pas en cours au Maroc et la FIDH souhaite que le roi Mohammed VI donne un signal fort. Tant que ce signal n’est pas donné, les réformes essentielles seront bloquées », a déclaré la présidente de la FIDH en visite de travail au Maroc, dans un entretien à l’AFP.
Sur l’application des réformes préconisées par l’Instance Equité et réconciliation (IER), une commission dissoute en 2005 après avoir rendu son rapport sur les violation des droits de l’homme au temps de Hassan II, elle a confié avoir « un sentiment qui oscille entre le désenchantement, le ralentissement, le flottement, et parfois certains risques de retour en arrière ».
L’IER avait notamment recommandé une réforme de la Constitution, du Code de la presse, de la Procédure pénale, l’abrogation de la peine de mort et l’adhésion à la Cour pénale internationale (CPI).
« L’une des réformes majeures pour nous, c’est celle de la magistrature, pour assurer l’indépendance de la justice », a affirmé Mme Belhassen.
« Tant que le Conseil supérieur de la magistrature n’est pas constitutionnellement indépendant, toute autre réforme dans le domaine des droits de l’homme et des libertés fondamentales ne peut aboutir ou ne peut être correctement appliquée », a-t-elle ajouté.
Selon la Constitution marocaine, le Conseil supérieur de la magistrature est présidé par le roi, le ministre de la Justice en est le vice-président.
Mme Belhassen a jugé « nécessaire une réforme de la Constitution pour définir le rôle du chef du gouvernement (le Premier ministre) et ses attributions ».
Elle a déploré un recul sur l’abrogation de la peine de mort au Maroc. « Le président de l’IER Driss Benzekri (aujourd’hui décédé) et l’ex-ministre de la Justice Mohamed Bouzoubaâ (également décédé) étaient pour l’abrogation de cette sentence ».
« Mais en octobre, à l’ONU, le Maroc s’est abstenu sur le moratoire, ce qui a suscité l’étonnement général », a-t-elle noté, ajoutant que pour les officiels marocains cette question fait encore l’objet d’ »un processus de maturation avec la participation du Parlement, de la société civile et des oulémas ».
Pour l’adhésion à la Cour pénale internationale (CPI) « le point sensible, c’est l’immunité du chef de l’Etat et son rôle central dans le royaume », a souligné Mme Belhassen.
Cependant, pour la présidente de la FIDH, « si le Maroc est un Etat où il y a encore beaucoup à faire, cela n’a rien à voir avec la situation dans les autres pays du Maghreb ».
En avril, une mission de la FIDH a été interdite de se rendre en Tunisie. « Entre ça et le fait que je puisse prendre ici la parole et rencontrer l’opposition et les défenseurs des droits de l’homme, il y a une différence », a-t-elle dit.
Quelle différence entre un roi et un dictateur ?
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