Maroc:Moulay Ismail: Un harem de 500 femmes, 800 enfants, grand bâtisseur de prisons, une armée de 150.000 esclaves noirs
7082007Jadis les sultans marocains désignaient de leur vivant un héritier: c’était le moindre mal, car il s’agissait du plus capable.
Mais avec les « Alaouites », les frères du défunt vont déshériter les neveux qui vont se venger etc…
Les Atrides auraient passé pour une famille unie, à côté de ces scènes de tuerie familiale dont le pays va évidemment faire les frais.
Le bilan des tueries provoquées par l’anarchie FAMILIALE est terrifiant.
Le fils de Rachid, Ahmed ben Mahrez se proclame évidemment sultan dans le Sud.
Ismail (1672-1727)
Moulay Ismail, frère cadet de Moulay Rachid, se proclame sultan à Meknès dont il est gouverneur et qui restera sa ville chérie. Il en fera la plus fabuleuse caserne du monde. Il se constitua un harem de 500 femmes et deviendra père de plus de 800 enfants. Son principal conseiller fut le banquier juif CARSINET Aaron. La guerre entre l’oncle usurpateur et le neveu dépouillé, mais qui a hérité de la pugnacité paternelle, va durer 14 ans. Et dire que c’est ce Moulay Ismail qui passe pour avoir rétabli l’ordre! Mais c’est lui qui a provoqué cette situation personnelle, car son cher neveu n’était pas un bambin fragile, il pouvait très bien prendre la succession de son père; il n’avait pas besoin d’un tuteur.
Au reste, Ismaël n’a jamais justifié légalement son attitude: je prends la première part, parce que je m’appelle lion, dit la fable! Petit détail juridique qui a « échappé » curieusement à son descendant Hassan, quand il en fait l’éloge, Hassan n’a pas eu d’oncle pour lui souffler sa place, car le Protectorat veillait et les Français y ont exporté la règle de primogéniture qui avait, malgré quelques bavures, fait merveille chez eux pour appesantir le pouvoir royal et briser toute résistance populaire et aristocratique à l’État fiscal qu’il voulait absolument puissant et personnel, reposant sur une bourgeoisie avide qui deviendra une ruche d’essaims coloniaux et expansionnistes!
Il est impossible de donner le détail des assassinats, des trahisons et des pillages. C’est un sanglant Western qui pourrait s’appeler: « le peuple, la brute et les truands ». Pendant que Moulay Ismail, le soi-disant « invincible » essayait de coincer son neveu qui le baladait dans tout le Maroc et particulièrement dans le Sud, le reste du pays tentait d’en profiter pour échapper à la poigne du pillard du Tafilalt devenu sultan par la grâce de quelques ulémas terrorisés ou achetés. Le pseudo règne de Moulay Ismail n’est pas un règne, c’est une carrière de flic, la gigantesque répression d’une « manif » qui ne cessera jamais, car le pays n’acceptera pas son pouvoir. Son sceptre n’est qu’un sabre.
Naturellement, un de ses frères, El-Harran lui dispute aussi le pouvoir, dans le Tafilalet, « berceau » de ce gros panier de crabes. Il n’ y a aucune raison. El-Harran a autant de « droit » qu’Ismail, après tout. Tous deux sont également impopulaires. Ce genre de situation atroce se retrouve dans toute l’histoire de la dynastie jusqu’au XXème siècle inclus. C’est l’existence de la dynastie qui met le Maroc en péril.
Ahmed ben Mahres se proclama finalement « roi » de Taroudant, dans cette région si florissante sous les Saâdiens et dont les Alaouites feront un désert. Son seul tort fut de croire que son oncle acceptait la situation, la partition de facto. Ainsi Moulay Ismail le fit-il assassiner dans l’Anti-Atlas. Sa mort ne résolut rien pour Moulay Ismail, car il ne fut évidemment pas accepté par le Sud qui avait perdu l’habitude de dépendre d’un despote.
« Qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent «
Tous ces échecs avaient démontré à Moulay Ismaïl le flic la nécessité d’un matraquage efficace, s’il ne voulait pas finir comme son neveu. Il lui fallait une armée. « Qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent « : il n’a pas inventé l’expression terrible tirée d’une tragédie romaine d’Accius mettant en scène Atreus, père d’ Agamemnon, et que l’Empereur réputé fou Caligula aurait, d’après Suétone, fait sienne, mais, en revanche, il a perfectionné le système. Son armée sera sa seule idée politique, son unique préoccupation. Et le pays ne peut ni ne veut évidemment pas lui fournir assez d’hommes. Il va importer! Une armée permanente pour une guerre permanente faite aux Marocains. Moulay Ismail achète donc des esclaves noirs importés de l’Afrique noire. Il en achètera pendant tout son règne. Il aura ainsi une armée d’esclaves noirs de 150.000 hommes forcément attachés à sa personne: l’armée la plus nombreuse de son temps.
Louis XIV son contemporain qui aura tant fait la guerre et dévasté des villes allemandes, ruinant Heidelberg, par exemple, et le Palatinat, n’a que de « petites » armées de 30.000 à 40.000 qui lui suffisent à affronter l’Europe et à le faire surnommer le Mars Très Chrétien! Il en faut quatre fois plus à Moulay Ismail pour occuper et tenir le Maroc qui se couvre de casernes et non plus d’écoles ou de mosquées.
Moulay Ismail a été un grand bâtisseur, c’est vrai, mais un grand bâtisseur de Qasba-prisons-casernes-perceptions. Il et aussi le premier à avoir fait de l’élevage d’hommes esclaves pour fournir ses compagnies de prédateurs.
Le système est simple. Les petites filles noires sont esclaves dans les palais où elles reçoivent « une éducation ménagère » (sic). Les petits garçons noirs s’amusent jusqu’à dix ans. A cet âge, ils commencent en fait le service, par la conduite de bêtes de somme. Plus tard, ils font le maçon sur les innombrables chantiers du sultan mégalomane.
A 14 ans, ils touchent leur premier cheval qu’ils montent à cru. Puis ils apprennent à tirer à pied et à cheval. A 18 ans, ils sont versés dans l’active. Le soldat esclave qui n’a pas connu d’autre univers, robot soigneusement remonté, est mûr pour se faire tuer et pour tuer. Il est mûr aussi pour se marier: avec son paquetage, il reçoit, comme on touche une prime, une petite esclave devenue ménagère accomplie, avec ordre de faire le plus possible de petits soldats qui ne coûteront plus rien au sultan.
Cela ne suffisait pas à Moulay Ismail. Le protectorat va opposer, deux cents ans plus tard, les Berbères aux Arabes. Lui va opposer les Arabes aux Berbères: les successeurs de Lyautey n’auront qu’à lire l’histoire du Maroc pour savoir comment diviser un pays pour régner, en jeter les forces vives le unes contre les autres. Le détruire pour y installer un pouvoir étranger constitué d’esclaves noirs ou des maîtres occupants colonialistes. Pour achever de quadriller le Maroc, ses 150.000 esclaves transplantés ne suffisant pas, Moulay Ismail crée des tribus « guich », c’est-à-dire des tribus d’origine arabe installées dans les plaines, qui, en échange du « service militaire » (on devrait dire « sévices militaires »!) reçoivent des terres en toute jouissance. Mais comme ces seigneurs de la guerre ne peuvent évidemment les cultiver eux-mêmes, qu’ils n’en ont pas le temps et que ce n’est pas digne d’eux, ils emploient des métayers, le plus souvent payés au cinquième des récoltes et des troupeaux.
L’esclavage sous toute ses formes
Ismail crée donc une caste militaire avec tout ce que cela implique de féodalité guerrière inefficace sur le plan extérieur et en corollaire, une masse de paysans pauvres, d’indigents en puissance livrés sans défense au despotisme des petits seigneurs locaux. Des esclaves blancs en fait et désarmés ceux-là. L’esclavage sous toute ses formes, déguisé ou non, est – et a toujours été – le piler du régime « alaouite » au Maroc. Encore aujourd’hui la monarchie réclame des sujets et non des citoyens. Pour diviser et dominer sur ses sujets Ismail les dénature davantage et les déracine, en les parachutant dans des régions où ils n’avaient aucune attache. Le despote sait que l’enracinement est un facteur d’union nationale qui peut se retourner contre sa tyrannie. Une moitié des Oudaya surveilla Fèz, l’autre moitié surveilla Meknès. Les chebanats du Haouz, qui avaient résisté à son frère Moulay Rachid (qui avait exterminé ses chefs), furent envoyés à 800 kms de chez eux, pour surveiller les tribus berbères des Beni Snassen que Moulay Rachid avait dévalisées (cf. l’histoire de Dar el Méchal) au Nord-Est du Maroc. Et surtout il installa les tribus « guich » dans le Tadla, sur les ruines de la Zaouia de Dila, pour surveiller « la puissante forteresse berbère du Moyen Atlas et du Haut Atlas Occidental ».
Ismaël allait déclencher une guerre civile de 24 ans qui durera en fait jusqu’à ce que les forces françaises réduisent les derniers villages libres en 1934! Les montagnards n’accepteront jamais la présence alaouite, et ils ont les moyens de se défendre. Ils n’accepteront jamais l’établissement d’un système « monarchique » tout à fait étranger et contraire à l’esprit de l’Islam. Les Alaouites constamment repoussés useront de leurs malheureuses troupes fourvoyées dans une sale guerre en les envoyant » à l’assaut du ciel » pour tenter d’affirmer leur pouvoir personnel autocratique et illégitime. La confédération des petites républiques islamiques de la montagne, puissamment motivées, pliera parfois un temps, mais ne rompra jamais.
Catégories : La face cachée
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